Paris-Miami

Publié le par superheights

Lundi 6 octobre 2008
"Avec U.S airways, on n'arrive jamais! "
Le vol m'a valut 3 escales dans differents aeroports des U.S. Pour s'excuser, la compagnie offre des chambres en hotel normalises comme jamais, moquette a logo, restaurant intimiste et familial combine.
A l'homme de type indo-pakistanais qui a cree la panique sans meme avoir bouge un doigt, elle lui confisque son portable et lui demande de ne plus jamais remettre les pieds a Charlotte. La raison ? la police, comme personne ne la connait !

Mardi 7 et mercredi 8 octobre 2008
Traversee des Everglades au rythme des ventilateurs geants. Les "air boats" brassent l'air chaud et humide en remontant le canal de la Miami bay au Golfe de Mexico.
Au milieu des marais c'est le desert; toujours faire attention aux patrouilles de flics qui s'ennuient !
A la tombee de la nuit , je m'attarde sous un ciel magnifique, juste une halte dans un cafe routier ou la tele diffuse le documentaire d'une femme, jugee pour avoir passe sa fille au karcher (images et recontitutions a l'appui).
Je me reveille a Naples, un paysage de chateaux et proprietes gigantesques a remplace les marais. A 8h du matin, les jardiniers mexicains equipes de coupe ongles et plumeaux astiquent les plantes et les allees.
Et pendant que l'abondance et l'ennui transpire de ces domaines, une voyageuse solitaire traine sur les promenades de baobab et palmiers, en ecoutant "Des jeunes gens modernes", du pur son rescape des 80's.
Je n'ai aucune affinite avec la propriete !
L'ocean est tiede et paisible, et sur la route , inutile de savoir conduire, la voiture est comme "tele-non-guidee", elle file sur le long tapis de bitume, entre les golfs et des tropiques bien disciplinees.
Comme tout doit paraitre difficile a un floridien qui sort de son pays ! ici le confort est sans limite, les roulettes equipent les valises des sans-abris, qui font leur shopping a l'organic food center de Sarasota. Un de ces fous croise la, me dit de rentrer chez moi, mon vin et mon fromage sous le bras !
J'en avais marre de voir toutes ces pancartes de jardin en l'honneur de Mc Cain, alors j'ai pris ma voiture pour remonter la cote ouest de la Floride aux paysages picturaux Hockneyiens. Sur la route, ils annoncaient des pantheres, je n'ai vu que des pelicans et des restes de chats ecrases.

Jeudi 9 et vendredi 10 octobre 2008
Mais dans ce monde, les gens avaient peur avant tout. Et l'espace qu'il leur restait de plaisir sans risque, etait celui de la consommation, si possible de nourriture, elle ne necessitait pas de paiement a credit.
Au fil des decennies, c'est non seulement les corps des humains qui avaient pris une autre forme, mais les esprits aussi. Les plus chanceux developperent des pouvoirs surnaturels qui les placeraient a egalite avec le programme de controle central. Ces dons caches etaient la plus grande source de desordre que l'on pouvait enfin esperer. Une maniere de faire face a la tirannie du pouvoir, a l'injustice qu'elle suscitait. Car pour s'y opposer, c'est une armee de titans qu'il aurait fallut constituer. Bien sur, les patrouilles de flics etaient toujours la, a arpenter les allees, tout doucement, dans leur voiture, un oeil a droite sur les cuisses des etudiantes, un oeil a gauche sur leur savoureux hot dog. Le plus visionnaire des observateurs aurait bien eu du mal a detecter la moindre source de desordre, le moindre virus destructeur. C'est clair, le systeme semblait loin de souffrir d'une future deconnection.
Et pourtant, il y en avait des tares ! Sous 40 degres a l'ombre, ca et la, un jogger couche sur le bitume brulant, en position de scarabee retourne, ou un homme sandwich deguise en Freddy faisant de grands signes aux automobilistes consternes.
Le probleme de la nourriture n'etait ni plus ni moins qu'un exemple du probleme general des addictions. Depuis qu'avait ete introduit dans les ingredients, un additif proche de la nicotine, il valait mieux ne pas empecher "un gros" de manger, sous peine de lui rendre l'humeur iiritable et le comportement associal. Le sucre et la graisse etaient les principaux coupables de ce fleau, touchant de maniere significative, la partie centrale des corps.
De facon generale, tous les desirs avaient fini par devenir accessibles, et il fallut attendre la fin des credits accordes de maniere irresponsable, pour commencer a voir se retablir le sentiment de manque, d'ambition et d'espoir dans la plupart des cerveaux.
Bien sur la croyance en Dieu n'avait jamais quitte les esprits, et c'etait bien le seul domaine motivant leur interet, reste alors impenetrable. Plus leurs desirs materiels et quotidiens s'accomplissaient avec une facilite indescente, et plus leur croyance en Dieu etait absolue. Certains villages annoncaient la couleur; "Wakulla beach loves jesus" et les radios chretiennes inondaient les ondes de la bande FM.
Oui mais voila,c'etait aussi le seul endroit au monde ou l'on pouvait voir s'illustrer de tels specimens humains. Comme ces couples postes au bord des routes de campagne, agitant des drapeaux aux couleurs de leur conviction republicaine, accompagne d'un sourire si large, que l'on se demande si c'est de l'humour ou de la propagande mal elaboree.
C'est ce qui fit de mon voyage , la traversee d'une fiction, celle des "dents de la mer" et de "Jurassic park" reunie

Samedi 11 octobre
Que s'est-il passe de l'Apalachee bay a Pensacola, aux portes de l'Alabama ? ou s'etendent les sables blancs et les nombreuses villas de bois sur pilotis. Parfois un village donne l'aspect d'un park de loisirs abandonne, et toutes ces maisons a vendre ! certaines encore en construction, d'autres de formes rondes facon igloo, laissent penser aux utopies des annees 70. Le sable a maintenant tout recouvert, comme un raz de mare qui aurait fait fuir les touristes. Et dans les dernieres boutiques ouvertes, on trouve des "ugly souvenirs" a 25% du prix.

Dimanche 12 octobre
J'arrive a New Orleans, une ville singuliere qui semble avoir ete construite pour durer. Pourtant la plupart des maisons sont en bois et malgre l'ouragan Katrina, l'architecture a retrouve sont vernis historique et toute sa beaute. Mais a la sortie du festival de "shorts films", je me retrouve a marcher dans un ghetto encore devaste...quelle sensation ! le vent qui passe a travers les batiments vides, les trotoirs crevasses et la memoire des detritus empiles, comme les ombres sur les batiments d'Hiroshima. Encore une fois, toutes ces superbes maisons a vendre ! a moitie prix d'une chambre a Paris.
Et au dessus du Superdome, planaient encore les utopies, echafaudees dans ce moment d'espoir que furent les jours de chaos et d'attente d'evacuation des eaux.
Avant de reprendre la route, je passe chez Jim Russel rcds, un hangard ou des milliers de disques se trouvent entasses. J'ai bien eu du mal a me concentrer, vu la quantite proposee, les intercalaires ecrites par un dislexique et la tele hurlant une emission pour fabriquer ses propres pizzas "La cuilliere d'huile que je rajoute en plus, c'est pour Jesus!"
Je suis maintenant sur la route qui longe le Mississippi, un bout de chemin que faisait Mark Twain, dans son bateau a vapeur.
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